Expert reconnu en sécurité intérieure, responsable après les attentats de janvier 2015 de la sécurité de Charlie Hebdo, Éric Delbecque publie aujourd’hui un essai, « Les ingouvernables : de l’extrême gauche utopiste à l’ultragauche violente, plongée dans une France méconnue », consacré à la montée des violences au sein des mouvements sociaux récents.
À ses yeux, la multiplication des affrontements armés entre groupuscules d’extrême gauche et forces de l’ordre ne résulte pas du hasard, mais s’inscrit, au contraire, dans le cadre d’un projet pensé. Un projet qui vise à déstabiliser le système capitaliste occidental et qui menace, selon lui, d’ébranler les fondements du système démocratique et, par voie de conséquence, la stabilité de notre République. […]
Les gouvernements successifs ont mésestimé la menace djihadiste. On n’a pas voulu voir que la propagation de la pensée salafiste était dangereuse en ce qu’elle constituait un bain de culture propice, pour ne pas dire l’antichambre, de groupuscules violents. Les terroristes ne sont pas des loups solitaires. Ils ont besoin d’appuis logistiques. Or cette salafisation des esprits a conduit certains individus à développer une haine de la France et de la République. Nous ne devons pas refaire cette erreur avec des factions de l’ultragauche… […]
Sur le plan tactique, par ailleurs, on voit bien que les procédés sont les mêmes dans les deux camps. L’ultragauche fait de l’entrisme dans divers milieux, tente d’évangéliser les plus jeunes et les plus fragiles. Les plus radicaux s’entraînent à la guérilla urbaine. Quand on voit leurs techniques de combat face aux forces de maintien de l’ordre, on est obligé de constater qu’il n’y a aucune improvisation. […]
revue de presse par http://www.fdesouche.com/1175119-ultragauche-salafisme-eric-delbecque-sur-le-plan-tactique-on-voit-bien-que-les-procedes-sont-les-memes-dans-les-deux-camps
Éric Delbecque : « Une nouvelle révolution française est envisageable »
ENTRETIEN. Dans son dernier livre, l'expert en sécurité intérieure Éric Delbecque se penche sur la nébuleuse anticapitaliste. Propos recueillis par Baudouin Eschapasse
Publié le 13/03/2019 à 16:33 | Le Point.fr
Nuit d'emeute a Grenoble, le 6 mars 2019.
Nuit d'émeute à Grenoble, le 6 mars 2019.
© JEAN-PIERRE CLATOT / AFP
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Expert reconnu en sécurité intérieure, responsable après les attentats de janvier 2015 de la sécurité de Charlie Hebdo, Éric Delbecque publie aujourd'hui un essai (1) consacré à la montée des violences au sein des mouvements sociaux récents. À ses yeux, la multiplication des affrontements armés entre groupuscules d'extrême gauche et forces de l'ordre ne résulte pas du hasard, mais s'inscrit, au contraire, dans le cadre d'un projet pensé. Un projet qui vise à déstabiliser le système capitaliste occidental et qui menace, selon lui, d'ébranler les fondements du système démocratique et, par voie de conséquence, la stabilité de notre République. Pour l'auteur, docteur en histoire contemporaine et ayant enseigné dans différentes grandes écoles (École nationale d'administration, École nationale de la magistrature...), par ailleurs colonel de la réserve citoyenne de la gendarmerie, les plus hautes autorités de l'État n'ont pas vraiment pris la mesure du danger durant plusieurs décennies. Son livre, un brin alarmiste, fera sans doute bondir dans les rangs de La France insoumise. Éric Delbecque assure ne pas vouloir faire polémique mais seulement « amener celles et ceux qui pourraient être tentés par l'idéologie nihiliste de ces mouvements contestataires à prendre la mesure du chaos qu'ils contribuent à créer ».
Le Point : Vous avez écrit votre ouvrage bien avant la crise des Gilets jaunes. Mais son sujet entre étonnamment en résonnance avec l'agitation sociale que nous venons de vivre. Est-ce à dire que vous sentiez monter un climat insurrectionnel depuis plusieurs mois ?
Conseiller "défense" auprès du ministre de l'Intérieur de 2009 à 2012, Éric Delbecque est l'auteur d'une douzaine d'ouvrages consacrés à la sécurité intérieure.
© I.PICAREL
Éric Delbecque : Il faudrait être aveugle pour ne pas avoir vu venir ce mouvement. Depuis le sommet de l'Organisation mondiale du commerce à Seattle, en novembre 1999, au cours duquel étaient apparus au grand jour les premiers Black Blocs, les manifestations anticapitalistes sont de plus en plus souvent violentes. Il y a eu des affrontements très rudes à Gênes en juillet 2001, à Évian en 2003, en marge du G8 et à Toronto, en 2010, au moment du G20. L'ambition des manifestants était claire en chacune de ces occasions : ils ne voulaient pas seulement défiler en criant des slogans de protestation. Ils voulaient perturber les meetings, interrompre les discussions entre chefs d'État (comme à Strasbourg en 2009, lors d'une réunion de l'Otan). En un mot, influer directement sur la marche du monde.
Ne caricaturez-vous pas ces mouvements de contestation sociale ? Après tout, il y a aussi eu beaucoup de manifestations sans heurts.
Certes, mais il est indéniable qu'il y en a aussi de plus en plus qui débouchent sur des affrontements armés qui provoquent des blessés.
Dans votre essai, vous rapprochez des mouvements très divers. Pour vous, les promoteurs de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes sont ainsi les petits frères des Black Blocs. N'est-ce pas un peu rapide ?
On peut choisir de ne voir que le côté gentiment insolite des zadistes : les cabanes perchées dans les arbres, les tipis et les yourtes. Mais le discours politique que promeuvent ces individus ne peut manquer d'inquiéter. Ils entendent en effet peser sur la décision politique en utilisant la violence comme un instrument. Peu leur chaut que la population se soit exprimée démocratiquement, en l'occurrence par voie de référendum local. Peu leur importe qu'ait été tranchée, par le biais d'un vote, la question de la légitimité d'un projet (ici la construction d'un aéroport). Le pire n'est pas qu'ils aient essayé de faire pression sur l'État, mais que cela ait marché car nos gouvernants ont fait marche arrière durant des années. Et cette reculade a créé un précédent...
À quoi imputez-vous ce phénomène contestataire d'un nouveau type ?
L'heure est à la radicalisation de nos sociétés. On l'a vu avec l'essor des mouvements salafistes pour l'islam et la résurgence d'un terrorisme qui prétend se justifier dans une certaine lecture du Coran. On l'a vu avec la montée en puissance des groupuscules d'extrême droite. On le voit aussi avec cette frange de l'ultragauche qui remet au goût du jour la pensée anarchiste. Ou encore avec ces factions anti-spécistes qui mettent en pratique une idéologie qu'ils qualifient d'écologie « profonde » et qui s'en prennent aux boucheries...
Lire aussi : l'anarchisme, idéologie à la mode en 2019 ?
Mais encore ? Quelle est la cause de cette radicalisation croissante ?
Mon sentiment, c'est que le phénomène résulte de la faillite des systèmes de représentation traditionnels. Les partis politiques ou les syndicats n'ont pas réussi à canaliser l'expression des revendications des citoyens. La colère s'est transformée en ressentiment. Par ailleurs, la montée des violences dans le monde virtuel, à commencer par les réseaux sociaux, a longtemps été sous-estimée. Ces violences ont commencé à déborder dans l'espace physique il y a 20 ans. D'abord dans des sphères marginales qui ont progressivement mité notre territoire. Après avoir colonisé notre espace mental, cette violence a fait tache d'huile dans toute la société.
Pensez-vous que la paix sociale soit aujourd'hui menacée dans notre pays ?
Les semaines que nous venons de vivre, où le mouvement des Gilets jaunes a parfois donné lieu à des débordements, nous montrent qu'une nouvelle forme de révolution, avec tout ce que cela peut charrier de brutalité, est désormais tout à fait envisageable.
Quelle réponse préconisez-vous ?
Le temps de la complaisance est terminé. Il faut une réponse forte.
Voulez-vous dire violente ?
Fermeté ne veut pas dire brutalité. Quand j'évoque une réponse forte, je ne dis pas une riposte musclée. Je note juste que nous avons trop longtemps polarisé notre attention sur les mouvances terroristes et oublié d'examiner les autres foyers de violence potentielle.
Il y a pourtant eu, depuis les émeutes de 2005, de multiples plans pour endiguer la montée des violences urbaines...
Oui, mais sans véritable continuité. Ce qui compte, c'est une stratégie de sécurité globale. Pas une réponse au coup par coup. Nous devons réexaminer nos outils pour faire face à une menace qui mixe désormais criminalité classique et défi terroriste. La question de la fusion des « milieux », du métissage des menaces, implique un effort d'analyse sur le long terme qui n'a malheureusement pas été mené jusqu'à présent. La responsabilité n'est pas ici policière mais politique.
Qu'entendez-vous par là ?
On a trop longtemps misé sur la « gestion de crise ». Nos forces de sécurité l'ont payé au prix fort. J'ai longtemps travaillé au service de l'État, où des experts produisaient des centaines, pour ne pas dire des milliers, de notes d'analyse aussitôt enterrées par nos responsables politiques car leur contenu leur faisait peur sur le plan électoral.
Un exemple ?
Les gouvernements successifs ont mésestimé la menace djihadiste. On n'a pas voulu voir que la propagation de la pensée salafiste était dangereuse en ce qu'elle constituait un bain de culture propice, pour ne pas dire l'antichambre, de groupuscules violents. Les terroristes ne sont pas des loups solitaires. Ils ont besoin d'appuis logistiques. Or cette salafisation des esprits a conduit certains individus à développer une haine de la France et de la République. Nous ne devons pas refaire cette erreur avec des factions de l'ultragauche...
Le parallèle entre djihadistes et zadistes n'est-il pas osé ?
Quand j'entends que la loi de la République ne peut pas s'appliquer dans une ZAD, je ne peux m'empêcher de voir un reflet, certes déformé, mais un reflet quand même du discours salafiste... Sur le plan tactique, par ailleurs, on voit bien que les procédés sont les mêmes dans les deux camps. L'ultragauche fait de l'entrisme dans divers milieux, tente d'évangéliser les plus jeunes et les plus fragiles. Les plus radicaux s'entraînent à la guérilla urbaine. Quand on voit leurs techniques de combat face aux forces de maintien de l'ordre, on est obligé de constater qu'il n'y a aucune improvisation.
Êtes-vous vraiment convaincu que ces mouvements gauchistes théorisent la fin de la démocratie ?
Je ne mets pas tous les partis dans le même panier. Je constate cependant que de nombreuses mouvances font une lecture curieuse des textes philosophiques de Rousseau ou des écrits de Thoreau. La pensée de ces grands auteurs est aujourd'hui dévoyée. L'anarcho-primitivisme théorisé par John Zerzan appelle de ses vœux l'effondrement de l'appareil industriel et pousse certains extrémistes à hâter sa destruction. Une lecture un peu rapide des thèses animalistes de Peter Singer encourage des esprits faibles à remettre en cause la place de l'homme dans l'écosystème.
Votre livre décrit une France « ingouvernable ». Êtes-vous à ce point défaitiste ?
Je ne me résigne pas à ce que notre société humaniste marque le pas. J'ai intégré le fait que nous sommes dans un état de guerre permanent. Mais je ne crois pas que l'issue de ce combat soit écrite d'avance. J'espère juste, par ma contribution, encourager nos dirigeants comme tous les citoyens de bonne volonté à prendre les mesures adéquates pour que l'état d'instabilité de notre société ne débouche pas sur un climat réellement insurrectionnel.
Ils refusent l'autorité de l'État et se déclarent ennemis du capitalisme, situés à la gauche de la gauche, ils forment le gros des contingents des "black-blocs" et des zadistes. Surnommés les "hipunks", par Éric Delbecque, ces hommes et ces femmes combinent utopie romantique hippie et radicalité punk, sont adeptes de théories conspirationnistes et rêvent du grand soir révolutionnaire. Dans un essai, nourri de nombreuses analyses critiques des textes programmatiques de cette frange extrême de l'ultragauche, Éric Delbecque dessine les contours d'une mouvance mondiale qui, selon lui, menace pour nos démocraties.
© DR
(1) Les ingouvernables : de l'extrême gauche utopiste à l'ultragauche violente, plongée dans une France méconnue, d'Éric Delbecque, éditions Grasset, 352 pages, 20,9 euros.
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Éric Delbecque : « Une nouvelle révolution française est envisageable »
ENTRETIEN. Dans son dernier livre, l'expert en sécurité intérieure Éric Delbecque se penche sur la nébuleuse anticapitaliste. Propos recueillis par Baudouin Eschapasse
Publié le 13/03/2019 à 16:33 | Le Point.fr
Nuit d'emeute a Grenoble, le 6 mars 2019.
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© JEAN-PIERRE CLATOT / AFP
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Expert reconnu en sécurité intérieure, responsable après les attentats de janvier 2015 de la sécurité de Charlie Hebdo, Éric Delbecque publie aujourd'hui un essai (1) consacré à la montée des violences au sein des mouvements sociaux récents. À ses yeux, la multiplication des affrontements armés entre groupuscules d'extrême gauche et forces de l'ordre ne résulte pas du hasard, mais s'inscrit, au contraire, dans le cadre d'un projet pensé. Un projet qui vise à déstabiliser le système capitaliste occidental et qui menace, selon lui, d'ébranler les fondements du système démocratique et, par voie de conséquence, la stabilité de notre République. Pour l'auteur, docteur en histoire contemporaine et ayant enseigné dans différentes grandes écoles (École nationale d'administration, École nationale de la magistrature...), par ailleurs colonel de la réserve citoyenne de la gendarmerie, les plus hautes autorités de l'État n'ont pas vraiment pris la mesure du danger durant plusieurs décennies. Son livre, un brin alarmiste, fera sans doute bondir dans les rangs de La France insoumise. Éric Delbecque assure ne pas vouloir faire polémique mais seulement « amener celles et ceux qui pourraient être tentés par l'idéologie nihiliste de ces mouvements contestataires à prendre la mesure du chaos qu'ils contribuent à créer ».
Le Point : Vous avez écrit votre ouvrage bien avant la crise des Gilets jaunes. Mais son sujet entre étonnamment en résonnance avec l'agitation sociale que nous venons de vivre. Est-ce à dire que vous sentiez monter un climat insurrectionnel depuis plusieurs mois ?
Conseiller "défense" auprès du ministre de l'Intérieur de 2009 à 2012, Éric Delbecque est l'auteur d'une douzaine d'ouvrages consacrés à la sécurité intérieure.
© I.PICAREL
Éric Delbecque : Il faudrait être aveugle pour ne pas avoir vu venir ce mouvement. Depuis le sommet de l'Organisation mondiale du commerce à Seattle, en novembre 1999, au cours duquel étaient apparus au grand jour les premiers Black Blocs, les manifestations anticapitalistes sont de plus en plus souvent violentes. Il y a eu des affrontements très rudes à Gênes en juillet 2001, à Évian en 2003, en marge du G8 et à Toronto, en 2010, au moment du G20. L'ambition des manifestants était claire en chacune de ces occasions : ils ne voulaient pas seulement défiler en criant des slogans de protestation. Ils voulaient perturber les meetings, interrompre les discussions entre chefs d'État (comme à Strasbourg en 2009, lors d'une réunion de l'Otan). En un mot, influer directement sur la marche du monde.
Ne caricaturez-vous pas ces mouvements de contestation sociale ? Après tout, il y a aussi eu beaucoup de manifestations sans heurts.
Certes, mais il est indéniable qu'il y en a aussi de plus en plus qui débouchent sur des affrontements armés qui provoquent des blessés.
Dans votre essai, vous rapprochez des mouvements très divers. Pour vous, les promoteurs de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes sont ainsi les petits frères des Black Blocs. N'est-ce pas un peu rapide ?
On peut choisir de ne voir que le côté gentiment insolite des zadistes : les cabanes perchées dans les arbres, les tipis et les yourtes. Mais le discours politique que promeuvent ces individus ne peut manquer d'inquiéter. Ils entendent en effet peser sur la décision politique en utilisant la violence comme un instrument. Peu leur chaut que la population se soit exprimée démocratiquement, en l'occurrence par voie de référendum local. Peu leur importe qu'ait été tranchée, par le biais d'un vote, la question de la légitimité d'un projet (ici la construction d'un aéroport). Le pire n'est pas qu'ils aient essayé de faire pression sur l'État, mais que cela ait marché car nos gouvernants ont fait marche arrière durant des années. Et cette reculade a créé un précédent...
À quoi imputez-vous ce phénomène contestataire d'un nouveau type ?
L'heure est à la radicalisation de nos sociétés. On l'a vu avec l'essor des mouvements salafistes pour l'islam et la résurgence d'un terrorisme qui prétend se justifier dans une certaine lecture du Coran. On l'a vu avec la montée en puissance des groupuscules d'extrême droite. On le voit aussi avec cette frange de l'ultragauche qui remet au goût du jour la pensée anarchiste. Ou encore avec ces factions anti-spécistes qui mettent en pratique une idéologie qu'ils qualifient d'écologie « profonde » et qui s'en prennent aux boucheries...
Lire aussi : l'anarchisme, idéologie à la mode en 2019 ?
Mais encore ? Quelle est la cause de cette radicalisation croissante ?
Mon sentiment, c'est que le phénomène résulte de la faillite des systèmes de représentation traditionnels. Les partis politiques ou les syndicats n'ont pas réussi à canaliser l'expression des revendications des citoyens. La colère s'est transformée en ressentiment. Par ailleurs, la montée des violences dans le monde virtuel, à commencer par les réseaux sociaux, a longtemps été sous-estimée. Ces violences ont commencé à déborder dans l'espace physique il y a 20 ans. D'abord dans des sphères marginales qui ont progressivement mité notre territoire. Après avoir colonisé notre espace mental, cette violence a fait tache d'huile dans toute la société.
Pensez-vous que la paix sociale soit aujourd'hui menacée dans notre pays ?
Les semaines que nous venons de vivre, où le mouvement des Gilets jaunes a parfois donné lieu à des débordements, nous montrent qu'une nouvelle forme de révolution, avec tout ce que cela peut charrier de brutalité, est désormais tout à fait envisageable.
Quelle réponse préconisez-vous ?
Le temps de la complaisance est terminé. Il faut une réponse forte.
Voulez-vous dire violente ?
Fermeté ne veut pas dire brutalité. Quand j'évoque une réponse forte, je ne dis pas une riposte musclée. Je note juste que nous avons trop longtemps polarisé notre attention sur les mouvances terroristes et oublié d'examiner les autres foyers de violence potentielle.
Il y a pourtant eu, depuis les émeutes de 2005, de multiples plans pour endiguer la montée des violences urbaines...
Oui, mais sans véritable continuité. Ce qui compte, c'est une stratégie de sécurité globale. Pas une réponse au coup par coup. Nous devons réexaminer nos outils pour faire face à une menace qui mixe désormais criminalité classique et défi terroriste. La question de la fusion des « milieux », du métissage des menaces, implique un effort d'analyse sur le long terme qui n'a malheureusement pas été mené jusqu'à présent. La responsabilité n'est pas ici policière mais politique.
Qu'entendez-vous par là ?
On a trop longtemps misé sur la « gestion de crise ». Nos forces de sécurité l'ont payé au prix fort. J'ai longtemps travaillé au service de l'État, où des experts produisaient des centaines, pour ne pas dire des milliers, de notes d'analyse aussitôt enterrées par nos responsables politiques car leur contenu leur faisait peur sur le plan électoral.
Un exemple ?
Les gouvernements successifs ont mésestimé la menace djihadiste. On n'a pas voulu voir que la propagation de la pensée salafiste était dangereuse en ce qu'elle constituait un bain de culture propice, pour ne pas dire l'antichambre, de groupuscules violents. Les terroristes ne sont pas des loups solitaires. Ils ont besoin d'appuis logistiques. Or cette salafisation des esprits a conduit certains individus à développer une haine de la France et de la République. Nous ne devons pas refaire cette erreur avec des factions de l'ultragauche...
Le parallèle entre djihadistes et zadistes n'est-il pas osé ?
Quand j'entends que la loi de la République ne peut pas s'appliquer dans une ZAD, je ne peux m'empêcher de voir un reflet, certes déformé, mais un reflet quand même du discours salafiste... Sur le plan tactique, par ailleurs, on voit bien que les procédés sont les mêmes dans les deux camps. L'ultragauche fait de l'entrisme dans divers milieux, tente d'évangéliser les plus jeunes et les plus fragiles. Les plus radicaux s'entraînent à la guérilla urbaine. Quand on voit leurs techniques de combat face aux forces de maintien de l'ordre, on est obligé de constater qu'il n'y a aucune improvisation.
Êtes-vous vraiment convaincu que ces mouvements gauchistes théorisent la fin de la démocratie ?
Je ne mets pas tous les partis dans le même panier. Je constate cependant que de nombreuses mouvances font une lecture curieuse des textes philosophiques de Rousseau ou des écrits de Thoreau. La pensée de ces grands auteurs est aujourd'hui dévoyée. L'anarcho-primitivisme théorisé par John Zerzan appelle de ses vœux l'effondrement de l'appareil industriel et pousse certains extrémistes à hâter sa destruction. Une lecture un peu rapide des thèses animalistes de Peter Singer encourage des esprits faibles à remettre en cause la place de l'homme dans l'écosystème.
Votre livre décrit une France « ingouvernable ». Êtes-vous à ce point défaitiste ?
Je ne me résigne pas à ce que notre société humaniste marque le pas. J'ai intégré le fait que nous sommes dans un état de guerre permanent. Mais je ne crois pas que l'issue de ce combat soit écrite d'avance. J'espère juste, par ma contribution, encourager nos dirigeants comme tous les citoyens de bonne volonté à prendre les mesures adéquates pour que l'état d'instabilité de notre société ne débouche pas sur un climat réellement insurrectionnel.
Ils refusent l'autorité de l'État et se déclarent ennemis du capitalisme, situés à la gauche de la gauche, ils forment le gros des contingents des "black-blocs" et des zadistes. Surnommés les "hipunks", par Éric Delbecque, ces hommes et ces femmes combinent utopie romantique hippie et radicalité punk, sont adeptes de théories conspirationnistes et rêvent du grand soir révolutionnaire. Dans un essai, nourri de nombreuses analyses critiques des textes programmatiques de cette frange extrême de l'ultragauche, Éric Delbecque dessine les contours d'une mouvance mondiale qui, selon lui, menace pour nos démocraties.
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